Tous les articles par pierre

Lancer parfait

C’est ma fille qui m’a demandé comment je pouvais savoir qu’un lancer était parfait.

Comme nous sommes en train de marcher, à grands pas, l’explication doit être courte et complète.

Le premier point est sans nul doute, l’ancrage. Il doit être posé à la bonne place, à la bonne distance du pêcheur, juste en dessous de la pointe de la canne et à la position exacte où la D-Loop aura sa force maximale.

Le deuxième point est la fluidité du mouvement: rectiligne, sans à-coup, sans violence, avec grace et légèreté.

C’était les deux points qui me paraissaient les plus importants, mais ce ne sont que la partie émergée de l’iceberg, les buts à atteindre, mais pas les moyens d’y parvenir. Je m’en suis rendu compte en lui disant que je voyais dès le tout début si un lancer serait réussi ou pas.

Le lancer commence dès le moment où on commence à lever la canne. On part du niveau de l’eau pour aller vers 11h. La canne doit commencer à plier et finir son mouvement, rectiligne est vertical, lorsque toute la soie sont hors de l’eau et tendus rectiligne entre la surface et le sillon. Le seul et unique moyen d’atteindre ce but est de faire un mouvement régulier. Lorsque la canne atteint son apogée, l’état stable ne dure qu’une fraction de seconde, dès que la tension se relâche, la soie ploie vers l’eau, le poids de la ligne tire l’avançon vers la canne et la canne devient molle.

Si, au contraire, on profite de la tension maximale, il suffira de maintenir la tension et de lever très légèrement la canne pour que le bas de ligne et la mouche sortent de l’eau sous l’effet de la canne qui se déplie. À ce moment-là, il est très facile de faire planer la soie juste au-dessus de l’eau pour l’amener au point d’ancrage. Puisque la soie est très près de l’eau, il est aussi très facile de poser l’ancrage en baissant le sillon de quelques degrés. L’autre avantage indéniable, c’est que, n’ayant pas à « arracher » la soie de l’eau, on a le contrôle complet de son mouvement. En effet, c’est certainement le mouvement parasite, le plus difficile à contrer: la force nécessaire à arracher la soie de l’eau se déclenche brutalement et se trouve dans l’axe du lancer.

C’est comme ça que je peux voir dès le début si le lancer va être réussi ou pas: la trajectoire de la canne, la tension, la vitesse, tous ces éléments initiaux vont concourir à préparer un lancer parfait.